Chers parents,
Après deux semaines de confinement, vous avez sans doute été éprouvés dans votre désir de bien faire, de vous organiser au mieux.
Qui parmi vous n'a pas eu un moment de découragement, de colère ?
Qui n'a pas adressé une parole vive à un de ses enfants ou à son conjoint ?
Qui parmi vous n'a pas versé de larmes de frustration ou d'angoisse ?
Ce que nous vivons est une véritable traversée avec des étapes parfois douloureuses, parfois plus paisibles. On a peut-être été révoltés par la situation, par la privation de liberté. On a peut-être eu un cri d'exaspération : "ils ne se rendent pas compte". Qui entend nos cris ? Qui apporte des réponses à nos interrogations ? Qui comprend ce que nous vivons ? Alors, on essaie de se raisonner : ma situation n'est pas la pire, et on culpabilise un peu de nos réactions, mais au fond, ça ne change pas grand chose.
Alors, si ce n'est pas déjà fait, il est temps à présent de consentir à la situation. Le temps passé à lutter, à nous révolter ne fait que nous épuiser et alimenter notre sentiment d'impuissance.
Consentir, c'est certes douloureux, parce qu'il faut accepter de vivre des pertes : perte de projets, perte de nos habitudes, de moyens financiers, de relations... il n'est pas facile d'admettre tous ces renoncements que la pandémie nous oblige à vivre.
Accepter, c'est d'abord accepter ce que ça fait en nous. Prenons le temps de nous isoler un peu et de faire le point sur ce qui nous fait mal, sur ce qui nous met en colère, sur ce que nous trouvons injuste. Posons-nous la question suivante : à quoi tout mon être dit non dans cette situation ? Faire la liste, éventuellement par écrit, de tout ce qui m'insupporte, me révolte, me donne envie de hurler...
Quels sont les signes physiques de mon mal-être ? Ecouter son corps, prendre le temps d'accueillir ce mal de dos, cette douleur dans la tête, cette tension nerveuse... On peut parler doucement à cette zone de notre corps, la consoler, lui dire qu'on la comprend, que c'est difficile.
Et ainsi, faire preuve d'indulgence à notre égard, de douceur. Cette attitude bienveillante nous aidera à lâcher-prise et à mieux nous tourner vers nos proches.
Dans ce travail d'acceptation progressif, repris jour après jour, nous allons trouver une nouvelle dynamique et retrouver notre capacité à agir sur le présent. Accueillir la journée qui vient, faire preuve de créativité.
Soyons sûrs d'une chose : nous avons en nous les ressources nécessaires pour faire face à cette situation de confinement.
Mais pour cela, il est essentiel de ne pas fonctionner sur le mode de la cocotte-minute : pas question d'étouffer ce que l'on ressent, de contenir nos émotions à la force du poignet .... Toute attitude de refoulement conduira nécessairement à créer des situations explosives. Non, au contraire, libérer la pression chaque jour, souffler, ouvrir grand le canal de l'écoute : écoute du silence, écoute de soi, écoute des autres. Et se demander : de quoi ai-je besoin pour bien vivre cette journée ?
Regardons notre être intérieur comme un réservoir qui a des besoins, et tentons de le remplir de bonnes choses. Un des remèdes, c'est de sourire aux petites choses du quotidien : le beau temps, une fleur, le ciel dégagé sans pollution, un rayon de soleil, un appel téléphonique, une blague, une armoire enfin rangée... Laissons-nous aussi surprendre par les ressources de nos enfants. N'hésitons pas à leur dire que cette situation nous est difficile, que, comme eux, nous n'avons pas le mode d'emploi pour la vivre au mieux, que chacun doit y mettre du sien, que s'ils ont des idées pour améliorer la vie à la maison, elles sont les bienvenues.
Et rappelons-nous que nous ne sommes pas seuls. Il est essentiel de nous sentir reliés à d'autres, soutenus dans cette longue traversée. Pensons à nous appeler les uns les autres. Il est probable que beaucoup restent seuls avec leurs difficultés et n'osent pas appeler pour demander de l'aide, un ami, un professionnel par peur de déranger. Or, aujourd'hui, la priorité, c'est chacun de nous, afin que tous, nous sortions de ce temps de confinement fortifiés et plus solidaires. Pour aller bien, nous avons besoin d'avancer ensemble, avec nos familles, nos collègues, nos voisins...
Alors, n'hésitez pas à rester connectés, en prenant une petite décision : je regarde la liste de mes contacts, et je choisis d'appeler 2 personnes cette semaine pour prendre des nouvelles.
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